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Secrétaire de mairie, bibliothécaire, directeur d’une société de tir, président d’une société de tempérance, d’une société d’anciens élèves, d’une société d’instruction populaire, d’une section de la société contre la dépopulation des campagnes, trésorier d’une société de secours mutuels, secrétaire d’une panification, il ne trouve jamais une heure de congé pour cultiver son jardin. Demain, il protégera les animaux, surveillera les nids, repeuplera les rivières et créera une section des « Amis de l’arbre ».

Il ira ainsi jusqu’au jour où, malade, découragé, il enverra tout au diable, fera simplement sa classe et prendra un permis de chasse.

— Mais ce jour-là, me dit mon voisin d’en face, il sera aussi chauve que moi !

Je réponds prudemment à ce petit homme à lunettes qui est en effet nettement chauve : il m’intimide et me déconcerte.

Évrard m’avait parlé de lui. Il s’appelle Buc et habite un petit village à l’orée d’un bois. Sa classe n’est pas nombreuse et il est secrétaire de mairie dans une commune de trois cents habitants seulement. Il lui reste du temps qu’il occupe de façon originale. Il ne chasse pas, ne pêche pas, ne jardine pas ; une promenade de deux kilomètres est pour lui une corvée rebutante, fastidieuse, ridicule. Ses belles mains d’archevêque ne sauraient enfoncer un clou…

Dans un petit bureau sans air, il lit, il relit… Il