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de l’année et il hésite un peu ; ses mots pâteux ne viennent pas ; ils résistent ; ils collent comme du mastic. Il paraît que l’an passé, à cette même place, il a été bien plus éloquent ; c’était sa septième conférence ; il savait sa leçon.

Il termine quand même et lit d’un petit air détaché une étude sur l’enseignement du français au cours moyen, dont l’auteur est ce vieil instituteur qui, tout au fond de la salle, baisse la tête et rougit. L’étude est originale ; je n’ai rien lu de semblable dans mes auteurs ; la langue est souple, ferme, riche.

Pourquoi cet instituteur est-il aussi timide ? Qu’a-t-il à se faire pardonner ? Peut-être est-ce le ton du lecteur qui le blesse et l’humilie…

Ayant achevé, à toute vitesse, les dernières lignes, M. l’Inspecteur lève la séance et chacun s’en va content…

Minute !

Par mes soins, le déjeuner a été commandé chez le meilleur aubergiste de Lurgé.

C’est le banquet annuel des marchands d’esprit.

Il y a, autour de la table, quelques têtes curieuses et expressives. Voici l’institutrice de Chantefoy ; je la connaissais de réputation, Mlle… Au fait, comment s’appelle-t-elle ? Pour ses élèves, pour leurs parents et maintenant aussi pour ses collègues, elle est « la petite mère » et l’on finit par oublier son nom.