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Ils ne m’ont pas gardé rancune ; ils m’offrent un rafraîchissement. Ils sont aimables ces gens et ils ne sont point si sots ! Mme Thérèse juge fort sainement ses collègues du chef-lieu ; elle m’a peint une Mme Michaud en quatre ou cinq phrases aiguës. C’est qu’elle la connaît bien ! Aussi, à priori, elle prend toujours parti pour les adjoints, de même que jadis, avant les religieuses, elle défendait l’adjointe.

Ce n’est pas moi qui lui donnerai tort. Cependant je ne me risque pas trop. En ce moment cela marche, Mme Michaud et moi ; M. Michaud me flatte ; on semble désirer la paix véritable, pas la paix armée. C’est ce que je souhaite. J’espère trouver cet hiver assez de distractions pour me passer de la guerre.

Soyons donc prudent. Écoutant Mme Thérèse, je n’abonde pas dans son sens, mais je fais :

— Hé ! Hé !

Et j’arbore un sourire édifié ; car il ne faut jamais décourager ses alliés.

Comme elle se lance sur la question des indemnités communales, je me lève. Je fais un petit geste de la main qui peut vouloir dire :

— Je suis renseigné, allez ! pas la peine d’expliquer !

Et qui signifie pour moi :

— Ah non ! Je ne touche pas d’indemnité ; par conséquent cette histoire n’a pas d’intérêt.