Page:Pérochon-Le Chemin de plaine.djvu/100

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Songe, songe à la belle-mère ! Elle est encore bonne à prendre celle-là ! Elle te dira qu’on ne fait pas l’amour avec une princesse voilée. Elle te dira que tu ne sais pas faire l’amour… Ah ! Ah ! Hou ! Hou !

Je me bouche les oreilles.

Que suis-je ? quelle est ma pensée ? quels sont mes désirs ?

Ce n’est pas moi qui reconnaîtrai jamais l’homme qui me ressemble comme un frère. Je passerai bien à côté de lui cent fois… D’ailleurs pour me ressembler toujours, il lui faudrait souvent changer de visage et changer d’âme.

Les individus qui sont en moi ne sont pas de même race ; il y a des lords et des canailles, des poètes et des brutes. C’est une tablée cosmopolite dans un hôtel de bas étage. Les convives s’examinent curieusement ; ils content des histoires, mentent, se vantent, se flattent, s’invectivent dans toutes les langues ; sans pour cela, d’ailleurs, s’interrompre de boulotter la vie — ma pauvre vie.

13 octobre. — Au fond de ma chambre, légère, élégante, brillante dans son coin ensoleillé, ma bicyclette est une joie pour mes yeux.

Elle est telle que je la souhaitais.

Je n’en avais point rêvé une neuve. Une neuve eût été cause de soucis ; il eût fallu s’en approcher