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coûter la vie. Une fièvre violente et continue, occasionée par la crainte de ne pouvoir assez tôt faire cesser la disette, atteignit le vénérable vieillard qui, peu de jours après, descendit au tombeau[22]. Sa mort, arrivée le 5 juin 1695, causa un deuil universel dans une ville qui perdait en lui un protecteur et un père. Louis, en apprenant sa mort, témoigna qu’elle lui était d’autant plus sensible, qu’elle le privait d’un de ses meilleurs amis. Les entrailles du prélat furent enterrées dans la cathédrale ; son cœur fut déposé dans l’église de Neuville, et son corps dans une des chapelles de l’église des Carmélites[23] fondée par Jacqueline de Harlai, sa mère, qui y avait été inhumée (en 1618), ainsi que Charles de Neuville, son mari (en 1642). On prononça son oraison funèbre dans ces trois églises ; on lui fit de magnifiques obsèques dans tout le diocèse, et principalement au collége de la Trinité. Le P. de Colonia, alors professeur de rhétorique, y fit en latin son panégyrique, et, divisant son discours en trois points, il prouva que l’illustre défunt avait eu la fidélité d’un sujet, le génie d’un grand ministre et le zèle d’un saint prélat.[24] Camille, par son testament mystique du 31 décembre 1690 (déposé aux minutes de M. Perrachon, notaire à Lyon), institua pour son héritier son petit neveu, le marquis d’Halincourt, fils du maréchal de Villeroy ; il fit beaucoup de legs pies et rémunératoires[25] ; il donna sa bibliothèque au grand collège des jésuites de Lyon, et voulut qu’incontinent après sa mort tous ses livres leur fussent remis à l’exception des Conciles, imprimerie du Louvre, et de la Bibliothèque des Pères, qu’il légua au sieur Curtillat, curé de Neuville. Il pria « les pères jésuites de faire dire beaucoup de messes pour lui par l’amitié qu’ils lui ont toujours portée, et par l’estime qu’il a toujours eue pour leur compagnie. » La bibliothèque léguée par Camille aux jésuites fut placée dans la salle attenant au grand vaisseau. Son buste en marbre, d’une assez bonne exécution et qui