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vement mises en discussion, des espérances chimériques transformées en probabilités, de probabilités en certitudes, le passé, le présent nié ou remis en question, l’avenir prédit avec assurance, un certain ordre de choses annoncé comme infaillible dans un certain temps ; tout cela en présence d’un pouvoir légitimement établi et par la volonté des Français, tout cela en présence d’un pouvoir qui n’était là, au dire de tous ces sages, que provisoirement et seulement pour mémoire[1], et qu’on ne laissait pas d’appeler oppresseur ; alors que le fait même de toutes ces choses qui se passaient en face de lui, était la preuve d’une assez grande liberté. Et que de phrases depuis vingt mois, que de discours au nom du bien public, et promettant toujours infailliblement le bonheur au peuple Français ! Quelle prodigieuse confusion de langages et de jargons dans cette tour de Babel, à ce point, qu’on dirait qu’il y a plusieurs nations dans une seule nation !

Ceux-ci font une Charte en 1832, parce qu’ils avaient voulu renverser la Charte de 1814, qu’ils ne trouvaient sans doute pas assez libérale en 1830. Ceux-là veulent renverser la Charte de

  1. Cette phrase du Compte-rendu : la monarchie héréditaire n’a rien d’inconciliable avec la liberté, etc. Le National appelle cela une mention polie du principe monarchique ; encore cette mention vient-elle à l’appui de tous les griefs.
    (National, 31 mai 1832.)