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qui ont jours à la bouche, les grands mots de bien public et d’intérets généraux ; qui se vantent de connaître eux seuls les sympathies et les antipathies de la nation, qui prétendent savoir ce qu’est la majorité qui s’ignore, et ce que veut cette majorité. Lorsqu’on, va au fond de ces grands cœurs, lorsqu’on met à découvert ces consciences rigides, qui dépouillent si généreusement leur personalité toutes les fois qu’il s’agit de ce qu’ils appellent le bien du peuple, on trouve peu de sincérité dans tout cela, on trouve au contraire bien du mécompte. Et parmi ceux qui font grand bruit de leur courage et de leur désintéressement, qui parlent sans cesse des sacrifices qu’ils font à une couleur politique, il y en a beaucoup qui ne doivent leur patriotisme actuel et leur opinion qu’à la conviction profonde où ils ont été que le pouvoir de 1830 ne durerait pas six mois : voilà le secret de leur opinion.

D’une part, ceux qui n’ont rien eu en Juillet ; de l’autre, ceux qui avaient des prétentions plus hautes que ce qu’on a pu leur offrir, se sont déclarés hostiles au pouvoir qu’ils ont espéré renverser chaque jour ; et il n’est pas bien prouvé que si le pouvoir, en 1830, avait su deviner quelques hommes, le pouvoir n’aurait pas eu quelques adversaires de moins en 1832, et des plus consciencieux, et des plus désintéressés, qui, dans l’attente d’un avenir qu’ils ont bien cru toucher, il y a quelques jours, poursuivent aujourd’hui de