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pacifique, un regard assuré quoique bienveillant et que personne n’aurait voulu braver ?

Vers la fin du XVIe siècle, quand la France était déchirée par la guerre civile, quand les assassinats, les empoisonnemens et les massacres étaient légitimes et saints s’ils avaient pour cause la religion, un homme de génie s’est trouvé, qui a compris l’erreur et la folie de ses contemporains. Philosophe et humain, il entreprit la tâche de remédier à tant de souffrances, de fermer quelques plaies, de faire une fusion de toutes les opinions, de réunir les partis.

Cet homme de génie, c’était Henri IV. Bien supérieur à son siècle, qu’il devança de bien des années, éminemment supérieur, d’autant plus qu’il s’agissait alors de religion, et les haines de religion sont peut-être les plus implacables de toutes les haines !

D’un côté les Huguenots, de l’autre les Catholiques, tous se haïssant, se guerroyant, et puis l’Union, et puis les Papes, et les Ligues de toute sorte ; Henri eut à vaincre tout cela pour régner après tout sur une majorité catholique, lui huguenot.

Il est vrai qu’après tant de guerres longues et cruelles, au dedans et au dehors, déjà certains esprits n’étaient pas éloignés d’une pacification, d’un accommodement. Henri sut comprendre ce besoin d’une société souffrante ; il fit tous ses efforts pour aider le rapprochement des partis.