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possibilité des ordonnances, tant d’aveuglement, tant de stupidité étaient si peu croyables, qu’on n’y était nullement préparé, et que ces trois jours de révolution, où tout était resté dans les limites de la légalité, avaient suffi, pour porter le plus grand coup au crédit public ; et, comme celui qui, après un effort violent, est aussi fatigué que s’il avait marché l’espace de plusieurs lieues, après trois jours de révolution la France fut ébranlée jusque dans ses fondemens. Un malaise général et grave fut la suite de cette commotion. Bientôt le nouvel ordre de choses, trouva des opposans, et parmi ceux qui avaient perdu à la révolution, et parmi ceux qui n’y avaient rien gagné. Les mécontens accusèrent le pouvoir de ne rien faire pour le peuple ; le pouvoir faiblit devant l’émeute, le commerce dépérit de jour en jour, faute de confiance dans le pouvoir ; les partis s’organisèrent ; on spécula de part et d’autre sur un système d’opposition au moyen duquel on espérait arriver au renversement de ce qui était.

On offrit le pouvoir à l’Opposition qui refusa, donnant pour motif qu’elle craignait de se compromettre. Périer seul ne recula pas devant une tâche pénible ; il ne désespéra pas de la patrie ; il se mit à l’œuvre en homme de cœur, et bientôt les choses commencèrent à s’améliorer, le crédit public se rétablit, le pouvoir fortifié par une volonté ferme et active inspira la confiance, l’ordre fut maintenu au-dedans et la paix à l’extérieur.