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Que d’âmes nobles et fières sous cette république ! Certes les ennemis de la France ont dû trembler le jour où de tels hommes se sont rués sur eux pour les châtier d’avoir osé se mêler de leurs affaires.

Mais en 1832, lorsque la société s’en va faute de croyances, au dire de chacun, lorsqu’on ne croit plus ni à la république ni à la royauté, lorsque tous ne sont occupés que d’une affaire, celle du bien être et du bien vivre, n’embrassant qu’à regret et le plus souvent par amour-propre, tel ou tel parti politique, se moquant, au fond, de bien des choses pour lesquelles mouraient nos pères[1], il y a quarante ans. Quelles tristes parodies que celles qu’on a voulu jouer aujourd’hui sous nos yeux !

Pourquoi donc cet appel au temps passé ? Pourquoi ces drapeaux, ces bannières de toutes couleurs ? Pourquoi ces formes, vieillies qu’on tâche inutilement de rajeunir ? Pourquoi ces cris de ralliement mis à l’ordre du jour en 1832, lorsque la société n’a plus de cœur à tout cela, lorsque la société ne sent plus tout cela que par Souvenir ou par tradition.

Ils sont bien coupables ceux qui ont médité de sang-froid de pareilles scènes, bien cruels ceux qui, de sang-froid, ont voulu soulever des masses pour des idées stériles et passées de mode, aux-

  1. Aujourd’hui, les Conventionnels sont devenus comtes, et les Émigrés chambellans.