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paix à la France et au monde, et le jour où la mort l’a frappé, il avait maintenu l’ordre au dedans et la paix à l’extérieur ; il est vrai qu’au bout du compte, en faisant tout cela, il y avait laissé la vie, et il avait assez bien mérité de ses concitoyens ; mais il était homme du pouvoir.

Or, si après tant de services rendus à son pays, un homme doit être impopulaire, qui voudra désormais de la popularité ? car qu’est-ce que la popularité, et quelle popularité persiste et dure avec le pouvoir ?

Faites-vous donc serviles du peuple, comme tant d’autres se font serviles du pouvoir ; caressez ce peuple, afin qu’il vous pousse au pouvoir ; flattez ce peuple, votre idole ; répétez à ce peuple, jusqu’à satiété, que vous voulez son bien, que vous l’aimez, que vous le chérissez ; traînez-vous aux pieds de ce maître, de ce souverain[1], jusqu’à ce qu’il vous ait poussé au pouvoir ; et le jour

  1. Certes le peuple est grand, maintenant que sa tête
    A secoué ses mille freins, etc.
    . . . . . . . . . . . . . . . .
    Mais c’est pitié de voir à genoux sur sa trace
    Un troupeau de tristes humains
    Lui cracher chaque jour tous leurs noms à la face,
    Et ne jamais lâcher ses mains ;
    D’entendre autour de lui mille bouches mielleuses,
    Souillant le nom de citoyen,
    Lui dire que le sang orne des mains calleuses,
    Et que le rouge lui va bien.

    A. Barbier, Jambes (5).