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LES XI OPÉRAS 17

NOTE

« Rienzi » ferait honneur à un Halévy, à un Verdi, même à un Meyerbeer : il y a beaucoup de vie et d’éclat dans cette partition agitée et haute en couleur, mais, loin d’êlre un chef-d’œuvre, cela ne ressort pas du grand art, ne pèse pas une seule page de Gluck. •

Le poème non plus n’annonce point le grand auteur tragique, et c’est un exemple qu’il n’y a pas de génie spontané : l’art évolue dans un homme suivant une loi de progression tout à fait mystérieuse. Quoique les chœurs crient et gesticulent d’une sorte très méridionale, le caractère romain, surtout celui du patriciat, est mal vu, et tourné volontairement à l’odieux. Wagner n’a jamais eu de doctrine ; ce sublime passionné, qui devait conquérir le sceptre impérial de son art, a confondu ingénument la révolution politique et celle de l’art, et, quand il tenait le fusil de l’émeutier, il croyait sans doute faire acte esthétique.

Le choix du héros indique l’aspiration démocratique, et le vain mot de liberté plane sur l’œuvre. En elle-même la pièce ne vaut pas mieux comme chose de théâtre que les drames de Victor Hugo. Le « Rienzi » de Wagner est littéralement de même portée que les « RuyBlas » elles « flernani»,et peut satisfaire le gros public, mais l’intérêt psychologique n’existe pas, etlcs effets sont entachés de scénisme populaire. Cola Gabrino, ce fils de cabaretier devenu notaire apostoliqno, proclama sa constitution le 20 mai 1347 ; il voulait