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même en se sacrifiant, il ne parvient pas à faire le bien. L’âme de Don Quichotte, sublime en ses élans, n’enfante rien à cet homme, d’une pureté d’intention incomparable, déshonore la chevalerie et la voue aux brocards. Est-il un spectacle plus désespérant que la stérilité d’un tel effort ? Combien portent en eux une pensée dont ils ne trouveront jamais l’expression, un héroïsme qui ne rencontrera pas son occasion, un noble vœu qui avortera en extravagance ! Quelle est amère cette caricature du héros, cette figure du chevalier burlesque et que de larmes le captif d’Alger a dû verser pour écrire une si rageuse diatribe contre son propre idéal ! Sa vie suffit à nous prouver qu’il rêva de gloire, de justice : il fut vraiment chevaleresque et très malheureux.

C’est un lieu commun de l’expérience que le bien est difficile à faire. On ne réalise de l’idéal qu’avec une complicité des circonstances et le désir n’implique