antipatriotique, hervéiste, quand il l’intercalait d’autre part dans cette autre démagogie politique, dans la démagogie antichrétienne, il atteignait, il touchait, il blessait au cœur le dreyfusisme même.
Ce qui fait à Jaurès dans ce double crime, dans ce crime au deuxième degré, une responsabilité culminante, c’est que lui entre tous il était un politique, un politicien comme les autres et que lui il disait qu’il était un mystique. Il me chicanerait naturellement sur ce mot, car c’est un homme de marchandage, et le plus maquignon que je connaisse. Mais il sait très bien ce que nous voulons dire.
Par son passé universitaire, intellectuel, par son commencement de carrière universitaire, intellectuelle, par ses relations, par tout son ton, par le grand nombre, par le faisceau d’amitiés ardentes qui montaient vers lui et qu’il encourageait, complaisamment, qu’il excitait constamment à monter vers lui, amitié de pauvres, de petites gens, de professeurs, de nous, et qu’il récapitulait pour ainsi dire en lui, qu’il ramassait comme un foyer ramasse un faisceau de lumière et de chaleur, Jaurès faisait figure d’une sorte de professeur délégué dans la politique, mais qui n’était pas politique, d’un intellectuel, d’un philosophe (dans ce temps-là tous les agrégés de philosophie étaient philosophes, comme aujourd’hui ils sont tous sociologues). D’un homme qui travaillait, qui savait ce que c’est que de travailler. Qui avait un métier. Il faisait essentiellement figure d’un impolitique, d’un homme qui était comme chargé de nous représenter, de nous transmettre dans la politique. Au contraire c’était un politicien qui avait fait semblant d’être un professeur,