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Comme mie tige bien souple et bien montante d’une plante vigoureuse. D’une jeune plante.

Comme la tige même de la montante espérance. Ils courbent le dos en riant comme un jeune, comme un

beau poulain, et le cou, et la nuque, et toute la tête. Pour présenter au père, au baiser du père juste le milieu

de la tête. Le milieu des cheveux, la naissance, l’origine, le point

d’origine des cheveux. Ce point, juste au milieu de la tête, ce centre d’où tous

les cheveux partent en tournant, en rond, en spirale. Ça les amuse ainsi. (Ils s’amusent tout le temps). Ils s’en font un jeu. Ils se font un jeu de tout. Ils chantonnent, ils chantent des chansons dont on n’a

seulement pas idée et qu’ils inventent à mesure, ils

chantent tout le temps. Et du même mouvement ils reviennent en arrière sans

s’être presque arrêtés. Comme une jeune tige qui se balance au vent et qui

revient de son mouvement naturel. Pour eux le baiser du père c’est un jeu, un amusement,

une cérémonie. Un accueil.

Une chose qui va de soi, très bonne, sans importance. Une naïveté.

A laquelle ils ne font seulement pas attention. Autant dire. C’est tellement l’habitude. Ça leur est tellement dû.