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DE LA DEUXIÈME VERTU

Dans ma création naturelle et surnaturelle.

Dans ma création spirituelle et charnelle et encore

spirituelle. Dans ma création éternelle et temporelle et encore

éternelle. Mortelle et immortelle. Et cette fois, oh cette fois, depuis cette fois qu'elle

coula, comme un fleuve de sang, du flanc percé de

mon fils. Quelle ne faut-il pas que soit ma grâce et la force de

ma grâce pour que cette petite espérance, vacillante

au souffle du péché, tremblante à tous les vents,

anxieuse au moindre souffle, soit aussi invariable, se tienne aussi fidèle, aussi

droite, aussi pure ; et invincible, et immortelle, et

impossible à éteindre ; que cette petite flamme du

sanctuaire. Qui brûle éternellement dans la lampe fidèle. Une flamme tremblotante a traversé l'épaisseur des

mondes. Une flamme vacillante a traversél'épaisseur des temps. Une flamme anxieuse a traversé l'épaisseur des nuits. Depuis cette première fois que ma grâce a coulé pour

la création du monde. Depuis toujours que ma grâce coule pour la conserva- tion du monde. Depuis cette fois que le sang de mon fils a coulé pour

le salut du monde.

Une flamme impossible à atteindre, impossible à éteindre au souffle de la mort.

25 porche. — > a

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