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le porche

De ménager quoi que ce fût.

Ce sont les grandes personnes qui ménagent.

Hélas elles sont bien forcées. Mais l'enfant Espérance

Ne ménage jamais rien.

Ce sont les parents qui ménagent. Triste vertu, hélas qu'ils ne s'en fassent point une vertu.

Ils sont bien forcés. Si solide que soit ma fille la Foi,

Ferme comme un roc elle est bien forcée de ménager.

Si ardente que soit ma fille la Charité

Brûlante comme un beau feu de bois

Qui réchauffe le pauvre dans la cheminée

Le pauvre et l'enfant et le mourant de faim,

Elle est bien forcée de ménager.

La seule enfant Espérance

Est la seule qui ne ménage jamais rien.

Elle ne ménage pas ses pas, la petite bougresse, elle ne ménage pas les nôtres.

Gomme elle ne ménage point les fleurs et les feuilles aux grandes Processions,

Et les roses de France et les beaux lys de France

Au col non ployé,

Ainsi dans la petite, dans la longue procession, dans la dure procession de la vie elle ne ménage rien

Ni ses pas ni les nôtres

Dans l'ordinaire, dans la grise, dans la commune pro- cession

De tous les jours

(Car ce n'est pas tous les jours la Fête-Dieu).

Elle ne ménage pas ses pas, et comme elle nous traite comme elle

Elle ne ménage pas non plus les nôtres.

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