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DE LA DEUXIEME VERTU

Ces pluies et ces pluies qui partout ailleurs envahi- raient,

Envaseraient d'un limon crasseux la terre végétale,

Noieraient toute pousse et bourgeonnement

Sous les varechs et les vers de vase.

Tous ces jours mauvais qui pleuvent et pleuvent

Partout ailleurs inonderaient, noieraient, de souillures, de bavures,

La bonne terre végétale.

Enliseraient, couvriraient de pestilences

Toute ma création.

Mais ici, dit Dieu, dans cette douce France, ma plus noble création.

Dans cette saine Lorraine,

Ici ils sont bons jardiniers.

C'est des vieux jardiniers finis, des fins jardiniers depuis quatorze siècles qu'ils suivent les leçons de mon Fils.

Ils ont tout canalisé, tout ameubli dans les jardins de l'âme.

De l'eau qui sert à inonder, à empoisonner (riant) eux ils s'en servent pour arroser.

Peuple de mon Fils, peuple plein de grâce, éternelle- ment plein de jeunesse et de grâce.

Les eaux mêmes du ciel, tu les détournes; pour tes merveilleux jardins.

Ma colère même, tu la détournes; pour tes mystérieux, pour tes merveilleux jardins.

Les pestilences mêmes tu les détournes et elles ne t'atteignent pas et elles ne te servent que de fumier

Pour tes mystérieux, pour tes merveilleux jardins. O peuple tu as bien appris les leçons de mon Fils.

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