Page:Péguy - Les Mystères de Jeanne d’Arc, volume 2.djvu/169

Cette page n’a pas encore été corrigée

DE LA DEUXIEME VERTU

Quand une fois cette parole a mordu au cœur

Le cœur infidèle et le cœur fidèle,

Nulle volupté n'effacera plus

La trace de ses dents.

Telle est cette parole. C'est une parole qui accom- pagne.

Elle suit comme un chien

Que l'on bat, mais qui reste.

Gomme un chien maltraité, qui revient toujours.

Fidèle elle reste, elle revient comme un chien fidèle.

Vous avez beau lui donner des coups de pied et des coups de bâton.

Fidèle elle-même d'une fidélité

Unique,

Ainsi elle accompagne l'honmie dans ses plus grands

Débordements.

C'est elle qui enseigne que tout n'est pas perdu.

Il n'entre pas dans la volonté de Dieu

Qu'un seul de ces petits périsse.

C'est un chien fidèle

Qui mord et qui lèche

Et les deux retiennent

Le cœur inconstant.

Quand le pécheur s'éloigne de Dieu, mon enfant,

A mesure qu'il s'éloigne, à mesure qu'il s'enfonce dans les pays perdus, à mesure qu'il se perd

Il jette au bord du chemin, dans la ronce et dans les pierres

Comme inutiles et embarrassants et qui l'embêtent les biens les plus précieux. Les biens les plus sacrés.

La parole de Dieu, les plus purs trésors.

i6i

�� �