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le porche

Une couronne a été faite une fois : c'était une couronne

d'épines. Et le front et la tête ont saigné sous celte couronne de

dérision. Et le sang perlait par gouttes et le sang s'est collé dans

les cheveux.

Mais une couronne aussi a été faite, une mystérieuse

couronne. Une couronne, un couronnement éternel. Toute faite, mon enfant, toute faite de souples rameaux

sans épines. De rameaux bourgeonneux, de rameaux de fin mars. De rameaux d'avril et de mai.

De rameaux flexibles et qui se tressent bien en couronne. Sans une épine.

Bien obéissants, bien conduits sous le doigt. Une couronne a été faite de bourgeons et de boutons. De bourgeons de fleurs comme un beau pommier, de

bourgeons de feuilles, de bourgeons de branches. De bourgeons de rameaux.

De boutons de fleurs pour les fleurs et pour les fruits. Toute bourgeonnante, toute boutonnante une couronne

a été faite Mystérieuse.

Toute éternelle, toute en avance, toute gonflée de sève. Toute embaumée, toute fraîche aux tempes, toute tendre

et embaumante. Toute faite pour aujourd'hui, pour en avant, pour

demain. Pour éternellement, pour après-demain.

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