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DE LA DEUXIEME VERTU

Comme un bou laboureur pour labourer cette lourde

terre, Qui poisse au soc de la charrue, Attelle au cheval vigoureux la charrue (elle-même

vigoureuse, Mais en elle-même inerte), (Et il ne met pas la charrue devant les bœufs), Ainsi le Seigneur Dieu pour labourer cette charnelle

terre, Cette grasse terre qui poisse au corps et au cœur de

l'homme. Cette lourde terre, Cette terrestre terre, Et terrienne,

(Reine des deux, régente terrienne),

Ainsi le Seigneur Dieu a attelé le corps à l'âme.

��Et comme il faut que le cheval de labour tire pour lui- même et pour la charrue,

Ainsi il faut que l'âme tire aussi pour elle-même et pour le corps,

Qu'elle fasse son salut, leur salut, pour elle-même et pour le corps.

Car nul des deux, ni l'un ni l'autre ne sera sauvé sans l'autre.

Nous n'avons pas le choix. Il faut être deux mains jointes ou deux poignets liés.

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