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aux catholiques, et aux anciens catholiques, généralement aux chrétiens. Comme il semble leur dire : Vous voyez ce que j’écris, parce qu’il faut bien écrire pour tout le monde, et pour le monde, mais vous qui me connaissez, à ce signe, inaperçu des autres, qui n’y entendent rien, à ce signe faites attention que profondément je suis demeuré des vôtres et que les méditations de la vie intérieure ne me sont point devenues insoupçonnées. Je vis dans le siècle et je parais écrire pour le siècle. Il faut bien que chacun mange le pain temporel. Mais vous qui me connaissez et qui savez me lire, vous ne vous y trompez point. Je ne vous y trompe point.

Nous ne nous y sommes pas trompés : les Panbéotiens redoutables de la Prière que je fis sur l’Acropole, nous les avons reconnus : ce sont très exactement les inaugurateurs du monument de Renan à Tréguier. Tout le monde l’a entendu ainsi. Et la ligue de toutes les sottises, ô Eurhythmie, quelle était bien la ligue ultérieure à laquelle pouvait penser le prophète Renan ?

Voilà pour qui justement il écrivait, j’entends qu’il écrivait profondément et intérieurement, une écriture perpétuellement sous-jacente, voilà pour qui juste il sous-écrivait perpétuellement, pour qui quelquefois il a écrit en clair : catholiques, anciens catholiques, et généralement chrétiens. Juifs aussi, premièrement Juifs, antérieurement Juifs, et subsidiairement, qui sont les témoins et les figurateurs, les serviteurs de la première loi. Serviteurs de la première et de la deuxième Alliance, de l’ancienne et de la Loi nouvelle, voilà pour qui juste-