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et le désarroi du pécheur, la détresse, les consolations du rite, enfin tout à fait une histoire pour pensionnats. Et le repentir jusqu’au sein de la faute. C’était un peu niais, peut-être un peu conventionnel, mais très traditionnel, très comme il faut, il n’y a que ce mot : très édifiant. Sans pourtant donner l’éveil.

Je dis payé, parce que tout cela est enroulé dans des combinaisons avec un journal dont il ne faut point dire qu’il est vénal, mais dont il faut écrire qu’il est la vénalité même, la perpétuelle et totale vente, en gros et au détail.

Il y a aussi ce que je me suis permis de nommer la politique de Polyeucte. J’entends par là que loin de reprocher à l’Église d’avoir maltraité ce Renan, et tant d’autres, un catholique véritablement croyant, et généralement un chrétien serait beaucoup plus fondé à reprocher à l’Église d’avoir eu pour ce même Renan, plus que pour tant d’autres, de lui avoir montré, manifesté je ne dirai pas trop de ménagements, — on n’en a jamais assez, — ni trop de respect, — on n’en a jamais assez, quand on est un gouvernement, — mais une trop grande estime, au sens, étymologique, où estime implique mesure, je veux dire une estime de trop, pluris, une estime à trop de valeur, une trop grande estimation. Je maintiens que toute la conduite ultérieure de l’Église à l’égard de Renan et même sa conduite immédiate, et même anticipée, antérieure, je veux dire sa conduite au moment de la séparation et même dans les lentes préparations de l’éloignement, que toute cette conduite suppose admise une hypothèse,