Page:Père Peinard - Almanach 1894.djvu/38

Cette page a été validée par deux contributeurs.

c’est parce que le père Peinard est un bon bougre kif-kif à eux : il est resté prolo, tout en pissant des tartines, — et y a pas de pet qu’il fasse sa poire comme un daim.

Et, sacré tonnerre, il ne flanchera pas ! Il continuera son petit bonhomme de chemin, cognant dur sur les exploiteurs, braillant ferme après tous les fumistes, criant à la chien-lit derrière les députés et les sénateurs.

Et ça, en attendant le grabuge final, où on foutra en capilotade toute cette racaille.


Séparateur


PRÉDICTIONS ANARCHOTES DE NOSTRADAMUS


Une lubie m’a passé par la caboche : « Père Peinard, que je me suis dit, puisque tu te fends d’un almanach et que tu lâches des prédictions, tu ne ferais mal de flairer ce que les prédictionneux de l’ancien temps avaient dans le ventre. »

Pour lors, j’ai voulu faire connaissance avec Nostradamus.

Ce bougre-là vivait y a quèque chose comme 350 ans ; il était youtre de famille et natif de Marseille.

Ben oui, Marseillais ! À preuve qu’il a vécu et cassé sa pipe à Salon, — patelin à un saut de puce de Marseille.

J’entends d’ici les débineurs : « Oh, alors, du moment que Nostradamus était de Marseille, rien d’épatant à ce qu’il fut astrologue et qu’il ait prédit l’avenir ! »

Vous pensez bien, les camaros, c’est pas bibi qui va défendre Nostradamus. À mon avis c’était un sacré fumiste, — et il s’est carrément payé la tête de son monde.

De son métier, il était médecin, mais il lâcha le truc pour chercher la pierre philosophale et un tas de couillonnades aussi gondolantes. Il s’échauffa tant la caboche qu’il lui naquit une grosse araignée dans le plafond.

C’est à ce moment qu’il prédictionna.

À Salon, où il vivait, sans voir personne, kif-kif un ours, on ne coupait pas dans ses ragougnasses. Mais au loin, à l’autre bout de la France, ses prédictions avaient un succès faramineux.

Toujours la vieille balançoire, déjà véridique au temps où Jésus-Christ était garde-champêtre : « Nul n’est prophète en son pays ! »

Il cassa sa pipe à Salon. Depuis, les mères-grand rabâchent que le bougre s’est fait claquemurer vivant dans son tombeau. La nuit venue, il dévisse sa boîte à dominos, frotte une allumette bougie, allume sa lampe à pétrole… et écrit de nouvelles prédictions !

Bondieu il pourrait bien arrêter les frais, car de son vivant il en pondit un assez gros tas.

Faut-il couper dans ses prédictions ?

Évidemment non !

Y a à boire et à manger dans Nosyradamus : chacun y trouve ce qu’il y cherche. Quoique ça, il est rigolot de noter les choses se rapportant aux événements arrivés depuis, sans y attacher un liard d’importance, attendu que si Nostradamus a dit vrai une fois, il s’est foutu cinq cents fois le doigt dans l’œil.

Ainsi, il parle d’Arton, le grand marchand de chèques. Voici ce qu’il en dit :


D’ARTON, classe phalange pliera

Nombril du monde de plus grand roi subrogée

Saisissez-vous un sens dans cet amphigouri ? Moi, non !.. D’ailleurs, je ne cherche pas.

À un autre endroit, il annonce qu’en 1792, il y aura de grands cataclysmes