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lurent faire porter à l’Espagne l’empire du monde, et l’écrasèrent sous le fardeau. Et cependant le moment est venu de prendre congé de ces beaux lieux que je ne reverrai plus, et auxquels je vais laisser suspendue une partie de mes affections et de mes regrets, comme j’en ai déjà laissé à tant de vieilles villes, de montagnes et de rivages. Il y a quelque part en Sicile des tronçons de colonnes, ombragés d’un bouquet d’oliviers, à Rome un oratoire dans les catacombes, au pied des Pyrénées une chapelle cotoyée par des eaux limpides qui fuient sous un pont voilé de lierre, il y a sur les côtes de Bretagne des grèves mélancoliques, où mes souvenirs retournent avec un charme infini, surtout quand l’heure présente est triste et l’avenir inquiet. J’ajouterai Burgos à ces pèlerinages de ma pensée, qui me consolent quelquefois du pèlerinage douloureux de la vie. Souffrez donc que j’embrasse d’un dernier regard l’ensemble de la cathédrale, que je m’agenouille dans le radieux sanctuaire, devant la Vierge du retable ; et, si la prière d’un catholique vous scandalise, ne m’écoutez pas.

« Ô Notre-Dame de Burgos qui êtes aussi Notre Dame de Pise et de Milan, Notre-Dame de Cologne et de Paris, d’Amiens et de Chartres, reine de toutes les grandes cités catholiques, oui vraiment, vous êtes belle et gracieuse » :Pulchra est et decora , puisque votre seule pensée a fait des--