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rents si abondants et si purs. Je trouve en effet comme un sentiment de pureté morale sur ces hauteurs que le pied de l’homme souille rarement, au bord de ces eaux qui ne désaltèrent que l’isard et l’aigle, au milieu de ces plantes qui ne fleurissent que pour parfumer la solitude. David avait vu de près les sommets du Liban, quand il s’écriait « Le Seigneur est admirable sur les lieux hauts :   Mirabilis in altis Dominus » ?

Si les hommes des Pyrénées n’ont pas entrepris de lutter de hardiesse avec les pics qui les environnent, il ne faut pas croire non plus qu’ils n’aient bâti que des taupinières. Souvent un fier donjon s’élance du rocher pour garder l’entrée de ces vallées délicieuses où nos pères marchaient avec moins de sécurité que nous. Tous les caprices de la Renaissance ont décoré le château de Pau, et l’art ogival n’a peut-être jamais achevé des nefs plus harmonieuses, plus heureusement éclairées que celles de la cathédrale de Bayonne. Dans ce coin de terre il y a deux peuples historiques, deux peuples conservés, les Béarnais et les Basques. Il faut visiter dans leurs jours de fêtes ces Béarnais, qui font gloire d’être restés « fins, féaux et courtois ». Pendant que les provinces environnantes subissent peu à peu l’ignominie de la blouse et du pantalon, les paysans de la vallée d’Ossau ont le bon esprit de garder le costume de leurs ancêtres : les femmes, le capulet qui voile si bien leurs têtes pudiques ; les hommes,