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taient comme une draperie. Puis quand le vent eut dissipé ces vapeurs, le faîte de l’édifice parut couronne de neiges éternelles sous le pavillon bleu du firmament. La voix des cascades gémissait comme une prière sans fin : s’il restait encore des athées, c’est ici que je voudrais les amener pour les voir tomber à genoux, terrassés et ravis. Rien n’égale ce spectacle, si ce n’est le chaos qu’on traverse pour y arriver. Là des blocs énormes de trente, quarante pieds de haut, s’écroulent les uns sur les autres, depuis la cime de la montagne jusqu’au fond du précipice où rugit le gave. On dirait les restes du combat décrit par Milton, quand les esprits bons et mauvais arrachèrent les collines du ciel pour s’entr’écraser. Mais les spectacles pathétiques sont plus rares dans les Pyrénées que dans les Alpes. Les Pyrénées n’ont pas les horreurs sublimes du mont Blanc elles ont plus d’élégance que de majesté. Les beautés des Pyrénées, ce sont celles de la vallée d’Ossau, de la vallée d’Argelès et du pont d’Espagne. Peu de glaciers, mais de riants mamelons que baignent des gaves limpides ; des croupes arrondies et couronnées de verdure, des pics qui montent vers le ciel avec une légèreté merveilleuse, et dont la crête de granit rose se noie dans l’éclatante lumière du midi. Nulle part on ne voit de plus belles eaux. Ce ne sont plus, il est vrai, les grands lacs de la Suisse ; mais la Suisse n’a pas plus de cascades, elle n’a pas dans les flancs de tous ses rochers des tor-