Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 7.djvu/64

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tail ogival qui marquait, la limite du parc royal de Miraflores. Juan II, accomplissant un voeu de son père Henri III, offrit aux Chartreux le parc, le pavillon ou se reposaient les rois quand ils poussaient leur chasse de ce côté, et enfin les fonds suffisants pour élever un monastère à l’ombre duquel il voulait avoir sa sépulture. Le jour de la Pentecôte de l’an 1442, la communauté se constitua, et au bruit joyeux d’un rendez-vous de chasse succéda le silence.de la règle de saint Bruno. Mais Juan II ne vit pas s’achever les constructions de la nouvelle Chartreuse. Il fallait que là-grande Isabelle y mît la main, la même main qu’elle mettait aux affaires de l’Espagne et du monde. Deux architectes allemands, Jean et Simon de Cologne, et deux Espagnols, Garcia Fernandez Martienzo et Diego de Mendieta, bâtirent l’auguste et gracieuse église. Mais, avant que les voûtes en fussent fermées, Isabelle avait pourvu à la sépulture de son père. En 1483, elle s’était rendue à Miraflores là elle s’était fait présenter le cercueil de Juan II provisoirement déposé dans les caveaux, elle avait voulu voir le corps à découvert et lui baiser les pieds. Bientôt après elle appelait le sculpteur Gil de Siloé et le chargeait de dessiner les deux mausolées de Juan II, d’Isabelle de Portugal, sa seconde femme, et de l’infant don Alfonse, leur fils. Les dessins furent soumis à la reine, et le sculpteur, ayant mis le ciseau dans le marbre en 1489, le poussa avec tant