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dégrade avec tant de génie, pourquoi l’autre conserve inviolable la virginité de sa vertu. Les choses humaines étant égales de part et d’autre, du côté. qui l’emporte il faut bien qu’il y ait quelque chose de divin.

L’âme, disait un ancien sage, est une harmonie. Mais cette harmonie est brisée, et les éléments qui la composaient sont entrés en discorde. L’intelligence, appuyée sur la raison, veut dominer ; la volonté, fascinée par des illusions perfides, refuse d’obéir de là ces combats de tous les jours qui se livrent au fond de la conscience ; de là ces déchirements et ces larmes intérieures dont la vie est pleine. Et parce que rien ne nous est plus humiliant et plus pénible que ce désaccord entre nos pensées et nos œuvres, il faut que l’intelligence se modifie, et qu’elle tempère la sévérité de ses lois pour que la volonté s’y soumette. Mais ces lois ainsi faites et défaites à son gré, la volonté s’y soustrait encore parce qu’elle les méprise. Voilà donc deux parties de nous-mêmes qui s’entraînent et se poursuivent l’une l’autre dans des aberrations infinies, sans jamais se réunir. Les doctrines philosophiques sont venues et ont fait selon leur pouvoir. Elles ont ramené l’intelligence dans des voies meilleures, elles l’ont formée à de hautes et vastes spéculations, elles l’ont agrandie, fortifiée de toute la puissance logique qui est en elles ; mais en elles il n’y a point une puissance d’amour, et celle-là est la seule à