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ciant saint Thomas d’une manière plus large et plus profonde, nous paraît avoir encore sacrifié sur l’autel d’une divinité trop adorée de nos jours, l’esprit de système[1] (1). Le Catholicisme seul peut apprécier les services de ses héros ; seul initié à la mission providentielle qui leur fut donnée, il l'a transcrit dans ses incorruptibles annales. C’est pourquoi nous viendrons après tous les autres, nous aussi, dire notre pensée au sujet de celui dont nous avons esquissé la vie. Quelque petit que nous soyons, la foi nous a donné le droit de le dire notre frère, et de parler de lui sans profaner son nom.

Considérons d’abord ce que saint Thomas de Cantorbéry a fait pour l’Angleterre. Il l’empêcha de se précipiter dans le schisme à une époque où son baptême ne datait que de six siècles, ou elle était loin d’en avoir recueilli les bienfaits dans leur plénitude. Alors ses universités étaient à peine écloses elles ne devaient se développer que sous l’influence durable et vivifiante de la Papauté. Sa Grande Charte n’était point encore écrite, et la puissance de ses communes ne pouvait naître et grandir qu’en vertu de l’impulsion générale qui suscita les communes par toute l’Europe catholique. Ses mœurs étaient pleines d’une barbarie que les haines de race et les guerres d’extermination

  1. Michelet, Histoire de France, t. II