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ses blasphèmes à la religion divine qu’il avait défendue[1].

Ensuite vinrent les philosophes, qui jugèrent convenable à leur dignité de répudier le langage passionné des sectaires. Hume, l’un des plus célèbres d’entre eux, voulut bien. reconnaître que l’archevêque de Cantorbéry avait montré quelque grandeur d’âme, et qu’il eût pu n’être point inutile à sa patrie, si le fanatisme papiste et l’ambition sacerdotale ne l’avaient précipité dans des voies perverses[2](2). De nos jours deux hommes dont nous admirons les vastes et pénibles travaux, sans partager leurs doctrines, ont employé leur plume verveuse a la réhabilitation de cette vertu méconnue. Mais l’un, M. Augustin Thierry, nous semble s’être attaché d’une manière trop exclusive à faire de Becket le champion de la nationalité anglosaxonne, l’ennemi politique de la cour anglo-normande[3]  ; l’autre, M. Michelel ; tout en appré-

  1. Les centuriateurs de Magdehourg, après avoir raconté avec autant de sécheresse que de brièveté la mort de S. Thomas, ont le courage de chercher dans cette grande tragédie quelque chose de comique, et voici ce que leur imagination leur suggère c’est qu’on trouva parmi les vêtements du défunt « cilicium bestiolis sexipedibus refertum et femoratia iisdem bestiolis referta. » Il faut observer que les centuries de Magdebourg ne sont point un pamphlet écrit dans un moment de colère, ce sont les annales de l'Église officiellement rédigées en douze volumes in-folio par une société savante, sous la direction de Francowitz, l’un des grands maitres du protestantisme.
  2. Hume, Histoire de la maison des Plantagenêts
  3. Thierry, Histoire de la conquête de l'Angleterre par les Normands, tome III.