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voyez-vous comme il a peur ? Il a peur de la inémoire des peuples, il a peur des prières des femmes et des enfants, il a peur de quelques vieux ossements dans un sépulcre, il a peur de deux syllabes dans un calendrier il a peur car en tout cela il découvre une idée puissante, et pour se défendre contre cette idée il entasse accusation sur accusation, sentence sur sentence : il appelle à son secours le sacrilège et la rapine, il s’environne d’échafauds. Mais l’impitoyable histoire l’atteint derrière ces sacs d’or et ces cadavres dont il s’était fait un retranchement, et, tout hideux de bassesse et de férocité, elle traîne au grand jour le digne fondateur de l’Église anglicane.

Cet arrêt cruel et stupide devint le mot d’ordre du protestantisme, et fut répété d’échos en échos pendant plus de trois siècles par l’ignorance ou la méchanceté des écrivains hérétiques. Car, de même que parmi les fils des anciens patriarches il s’en trouve toujours un impie et déshérité, Caïn entre les enfants d’Adam, Cham parmi ceux de Noé, Ismaël parmi ceux d’Abraham, Esaù à côté de Jacob ainsi, pour les grands hommes, pour les illustres bienfaiteurs du genre humain, il y a a côté d’une postérité reconnaissante, une autre postérité ingrate, et qui répudie l’héritage, et qui maudit ses pères. Cette postérité mauvaise ne manqua point à saint Thomas, et lui rendit une sorte d’hommage involontaire en l’associant dans