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le saint à comparaître dans trente jours devant le grand conseil « pour avoir à s’expliquer sur les causes de sa mort et sur les scandales qu’il avait donnés en Angleterre comme aussi pour ouïr dire qu’il s’était faussement arrogé le nom de martyr, méritant plutôt celui de rebelle[1]  ». Cette citation fut signifiée par un huissier au tombeau du saint. Comme celui-ci n’eut garde de comparaître à l’époque fixée, on lui nomma un avocat, et les débats ayant suivi leur cours ordinaire, le grand conseil du roi rendit l’arrêt suivant : « Henri, par la grâce de Dieu roi d’Angleterre, de France et d’Irlande, défenseur de la foi et chef suprême de l’Église anglicane. Ayant pris connaissance de la cause de Thomas, autrefois archevêque de Cantorbéry attendu que, cité devant notre conseil, personne n’a comparu pour lui ; attendu qu’il n’est point mort pour l’honneur de Dieu et de l’Église, de l’Église dont le gouvernement suprême appartient aux rois de ce royaume, et non à l’évêque de Rome comme le soutenait ledit Thomas, au préjudice de notre couronne attendu que le peuple le tient pour martyr et professe pour lui un superstitieux respect ; afin que ceux qui se rendent coupables de tels crimes soient punis, et que les ignorants reconnais-

  1. Cette citation et l’arrêt qui suit sont rapportes dans Wilkins, Concilia, tome III, p. 836.