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autrui ce que vous désirez qu’il vous soit fait, afin d’éviter le péril qui est proche. Autrement,que Dieu soit juge entre vous et moi et mes compagnons d’exil, orphelins, veuves, enfants au berceau qu’il soit juge, lui qui ne considère pas la qualité des personnes. Vous nous avez exposés, nous innocents, comme un but pour la flèche. Vous nous avez fait un opprobre pour les passants et un objet de dérision pour ceux qui nous entourent. Voici qu’on crie sur les places publiques et qu’on dit tout haut dans les villes et dans les bourgs qu’il n’y a pas de justice à Rome contre les puissants. Que si vous traitez ce mal avec lenteur, n’est-il pas à craindre qu’il devienne contagieux et que tous les rois de la. terre en soient atteints ? Car la servitude amère de l’Église est douce à tous les tyrans. L’Église ne doit être régie ni par la dissimulation ni par des conseils habiles, mais par la vérité et par la justice. « Faites ainsi et Dieu vous aidera, et ne vous inquiétez pas pour moi de la malice des hommes »[1].

  1. Cette lettre est postérieure aux précédentes c’est pourquoi on y trouve un accent plus douloureux et plus sévère. Elle est insérée dans les Annales ecclésiastiques du cardinal Baronius, t. XX. L’illustre apologiste de l’Église n’a pas craint de rapporter ces paroles dures adressées à un corps dont lui-même faisait partie. Nous, simple fidèle, nous n’avons pas cru être plus timide. Les épitres de S. Thomas sont sa plus complète justification contre le reproche de fanatisme que certains auteurs modernes lui ont adressé : certes, celui qui écrivait de la sorte était bien au-dessus