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dans les antécédents du chancelier le présage heureux on malheureux de sa conduite future. Car le peuple possède une admirable mémoire pour se rappeler le passé des hommes qu’il voit grandir et qu’il aime ou qu’il craint il pénètre avec une surprenante facilité les obscurités de leur première vie, et l’heure où ils s’élèvent au-dessus de lui est celle où il se plaît à faire acte de puissance en exerçant sur eux ses jugements. Les vieux Anglais se réjouissaient de ce qu’un des leurs était porté à cet honneur suprême de l’.Église d’Angleterre, auquel, depuis un siècle, des étrangers seuls avaient été promus. On aimait à raconter la naissance de Thomas Becket, et le concours de faits merveilleux qui s’étaient réunis pour faire couler dans ses veines le pur sang des Saxons avec le sang indomptable des Arabes. On disait comment un citoyen de Londres, nommé Gilbert Becket, ayant combattu en Syrie, sous l’étendard de la croix, était tombé dans les fers d’un émir infidèle comment sa vertu prisonnière avait touché la fille de l’émir ; comment, après la délivrance du croisé, la vierge sarrasine avait voulu le suivre, et s’était échappée du château paternel pour aller chercher au delà des mers le baptême et un époux chrétien. La Providance l’avait conduite jusqu’au milieu de Londres, jusqu’à la porte de celui qu’elle aimait celui-ci l’avait présentée aux prêtres, et l’avait reçue de leurs mains devenue chrétienne et son épouse. On