Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 7.djvu/47

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

double enceinte crénelée. Son clocher religieux et féodal, surmonté d’une croix, mais garni de mâchicoulis, commande la plaine. Au-dessous du clocher se dessine le portail latéral de l’église à côté de l’église, une porte ogivale donne sur une vaste cour, au fond de laquelle cinq grilles ferment. l’entrée des cloîtres. Nous avons devant nous Santa Maria la Real de las Huelgas, deux fois célèbre, à cause des souvenirs qui s’attachent à ses origines, et parce que nulle part dans la chrétienté on ne vit un si grand pouvoir ecclésiastique remis aux mains d’une femme[1].

La tradition populaire, qui a ses caprices et qui maltraite souvent ses favoris, s’est plu à jeter un nuage sur la vie d’Alfonse VIII, surnommé le Noble et le Bon. « Il s’éprit d’une juive, dit la ballade. Belle était son nom, et le nom convenait au visage. Pour elle le roi oublia la reine avec elle il s’enferma sept ans.[2] » Les grands, touchés de l’injure de la reine, poignardent la juive,

  1. Sur l’abbaye de las Huelgas, j’ai consulté l’excellent mémoire de M. l’abbé Calvos, l’un des chapelains de cette maison. M. l’abbé Larrau a publié une intéressante notice sur le même sujet dans les Annales archéologiques de M. Didron.
  2. Pagòse de una judia,
    Della esta enamorado
    Fermosa habia por nombre,
    Cuadrale el nombre llamado.
    Ovidó el Rey a la Reyna.
    Con aquella se ha encerrado.
    Siete años estaban juntos
    Que no se habian apartado.