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meux Cid avait eu peur des averses, aurait-il « vaincu tant de comtes et tant de rois[1]» ? Pour moi, je n’aurais pas réveillé les vieux morts de Burgos, si je n’avais bravé les tempêtes déchaînées pour défendre leur solitude. Il est vrai, j’ai vu la ville royale sous un voile, mais sous un voile de pluie peu favorable aux illusions. Heureusement, si du temps des héros il ne reste plus que les murs et des souvenirs, l’époque des rois laissé des monuments qui n’ont pas besoin de prestige.

Quand la royauté vint s’établir dans l’enceinte guerrière de Diego Porcellos, assurément elle n’y apporta pas la liberté, mais elle y apporta la grandeur. Burgos s’accrut avec cette monarchie prédestinée, qui, sortie des gorges des Asturies, toucha bientôt au bord du Tage, puis du Guadalquivir, puis de l’Océan. La noble ville prenait les titres de Caput Castellae, madre de Reyes, y restauradora de Reinos.

Elle portait et elle porte encore pour armoiries une demi-figure de roi couronné, sur un écusson de gueules, avec seize châteaux d’or en sautoir. Aux cortès, ses députés tenaient la droite du roi, ceux de Léon la gauche ;lorsque Tolède prétendit au premier rang, elle ne réussit pas à déposséder Burgos et ses représentants durent se contenter d’avoir leur siége en face du trône. Les restes du château des rois occupent le som-

  1. Cancionero de Baena.