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cusation . Quatre fois j’ai vu le jour éclairer l’horizon de la Vieille-Castille, jamais je n’y vis l’astre qui passe pour ramener le jour. Je suis, hélas du nombre de ceux qui vont demandant la santé à cet astre et le cherchant sous des cieux trop vantés. Les poëtes cependant avaient pris soin de m’avertir. Devais-je m’étonner des neiges de Rome, et des eaux du Tibre grossissant sous les orages, quand Horace déjà s’en prenait à Jupiter de l’opiniâtreté des frimas, et croyait revoir sous Auguste le déluge de Deucalion[1]. ! Et lorsque Dante au troisième cercle de son Enfer, décrit la pluie « éternelle, maudite, froide et triste, »

Eterna, maladetta, fredda e grave[2],


certainement il en trouve l’image sur les bords de l’Arno, à Pise, où moi, son indigne commentateur, pour l’éclaircissement de ce seul vers, j’ai vu pleuvoir cinquante jours. L’autre péninsule n’est pas mieux traitée du ciel. Le chancelier Ayala, grand homme d’État et grand homme de lettres, se plaint du climat de la Navarre. Le poète castillan Ferrus lui répond « Annibal aurait-il conquis l’Espagne « s’il eût redouté la neige et la grêle ? et si le fa-

  1. Horace, Od., lib. 1

    Jam satis terris nivis atque dirae
    Grandinis misit Pater

  2. Dante, Inferno, cant.6.