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resse  ; et, dans tous les cas, ce n’était point la logique qui pouvait la remettre soudainement en possession de la vérité. L’homme n’a pas toujours été ce qu’il est un temps fut où il voyait la vérité face à face par une intuition immédiate, où il possédait la science dans sa simplicité et dans sa plénitude. Un jour elle se déroba à ses regards ; ses facultés intellectuelles, dont il était si fier, avaient perdu leur primitive, harmonie, leur portée s’était raccourcie tout à coup, elles étaient pleines de trouble et d’illusion. Il fallut que l’homme reconquît péniblement la vérité comme son pain quotidien, qu’il s’avançât vers elle d’un pas chancelant et par des voies détournées, qu’il construisît lentement des sciences et des arts ; il fallut, ignominie ! créer un art de penser, comme si l’homme n’était pas excellemment une créature pensante ! C’est ainsi que la logique est venue, tâchant de rétablir, à force de calculs, l’économie de notre entendement, et nous apprenant à bégayer des choses vraisemblables. Mais, en rendant à notre entendement un peu d’harmonie, elle ne lui a pas rendu sa puissance elle a redressé le roseau pensant ; mais c’est toujours un roseau. L’homme, pour sortir de ses ténèbres, a besoin d’un autre secours pour retourner à la vérité, il faut qu’il l’entrevoie de loin. C’est pourquoi la Providence lui fait encore apparaître de temps à autre quelques éclairs de cette lumière dont il