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et jamais ni ange ni homme ne courut par elle « danger de périr. »[1]

C’est là le testament de Bacon. Quelquefois mal compris de son époque, il aimait à se dire le Serviteur de la postérité nous allons voir si la postérité remplit son attente. Pour mieux nous rendre compte des fruits qu’elles portèrent, nous allons essayer de juger ses doctrines. Le temps nous tiendra lieu d’autorité. Les proportions du plus immense édifice peuvent être mesurées par l’œil d’un enfant, pourvu qu’on le place à distance. Et d’abord, quelque grande que pût être la mission que Bacon avait reçue, il s’en attribua une plus grande encore. Il lui semblait que, durant cinquante-cinq siècles, l’intelligence humaine fût demeurée un vaste chaos, que lui, philosophe, était attendu pour créer les sciences, et que sa logique, Verbe nouveau, allait féconder l’abîme et enfanter un monde. Or tel n’avait point été l’aveuglement de l’intelligence dans les siècles antérieurs elle n’avait eu ni tant de malheur ni tant de pa-

  1. On n’a pas jugé nécessaire de répéter ici la fameuse maxime de Bacon sur l’athéisme. Il existe aussi de lui une longue profession de foi dans laquelle le savant M Emmery (Christianisme de Bacon) ne trouve rien que la théologie catholique puisse désavouer. Bacon a rendu plusieurs fois témoignage à la sainteté des institutions monastiques, à l’excellence de l’éducation donnée dans les collèges de la compagnie de Jésus, à la sagesse de certains papes. Malheureusement de nombreux passages de ses écrits ne sauraient permettre de révoquer en doute son attachement à l’établissement politique de ]’Eglise anglicane.