Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 7.djvu/417

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

était bien éloignée du foyer des sciences; le Midi voyait se lever le jour, le Nord était encore dans l’ombre; Galilée eût peut-être trouvé moins de faveur à Londres qu’à Rome : Bacon ne crut point au nouveau système astronomique, il tint pour Tycho-Brahé. Il songeait à conserver quelque chose des spéculations de l’astrologie, et ne désespérait pas de la pierre philosophale. Mais en retour il prédit avec une merveilleuse justesse les conquêtes futures de la chimie : « On doit cette louange à la chimie, dit-il, qu’elle peut être comparée au laboureur d’Ésope. Au moment de quitter la vie ce bon père annonça à ses enfants qu’il leur laissait un grand trésor enfoui dans sa vigne ceux ci la remuèrent en tous sens, et ne trouvèrent point d’or, mais la vendange de l’année suivante les paya bien de leurs peines. Ainsi ces veilles infatigables des alchimistes, ces labeurs sans fin pour faire de l’or, ont fini par allumer un flambeau aux clartés duquel s’accompliront de nombreuses découvertes : les entrailles de la nature s’ouvriront et de grandes choses se feront pour les usages de la vie. » Une autre fois, devançant Newton, il entrevit la loi de l’attraction, ce principe générateur de la mécanique universelle. « Il faut, écrivait-il, ou que les corps graves soient poussés vers le centre de la terre, ou qu’ils en soient mutuellement attirés ; et, dans ce dernier cas, il est évident que plus les corps en tombant