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ses studieux amis, avait ébranlé sur cette terre poétique la souveraineté d’Aristote. La poudre à canon et l’imprimerie avaient donné une forme nouvelle aux luttes des empires et aux combats de la pensée. Christophe Colomb avait agrandi d’un continent la terre connue des anciens. Copernic et Galilée l’avaient arrachée du poste qu’on lui avait prescrit, et, brisant les cieux factices de Ptolémée, avaient reculé les astres dans un espace sans fin. Toutes les sphères de la science s’éclairaient et semblaient commencer une révolution nouvelle ; il leur fallait une nouvelle direction, il fallait une philosophie, une logique appropriée aux besoins présents de l’esprit humain Descartes et Leibnitz allaient paraître Bacon les devança. Sur les bancs de l’Université de Cambridge, Bacon, à l’âge de seize ans, s’indigna des chaînes scolastiques. Il n’était point initié au mouvement intellectuel qui commençait à s’opérer dans le monde ; cependant il en avait ressenti le contre-coup, et il conçut le projet d’une restauration universelle de la science. Ce ne fut d’abord qu’une semence légère qui flottait à la surface de ses pensées, la conscience d’une vocation providentielle dont il ne connaissait pas encore toute l’étendue. Toutefois ce projet vague et lointain excitait déjà dans son jeune cœur le frémissement d’une espérance orgueilleuse. La première ébauche qu’il fit de son travail futur, il la décora de ce titre superbe The