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vres du philosophe païen[1] . Cette décision fut réformée par le souverain pontife Grégoire IX, qui, tout en laissant tomber sa désapprobation sur les doctrines péripatéticiennes, tempéra cependant les rigueurs exercées contre la pensée libre[2]. Les légats, chargés en différentes occasions de veiller à l’organisation de l’Université de Paris, maintinrent le même système de tolérance. Dès lors la controverse s’engagea. Albert le Grand, Pierre Lombard, saint Thomas d’Aquin, se firent les défenseurs de la philosophie aristotélicienne[3]  ; mais ils trouvèrent un adversaire vénérable et fort dans le savant Gerson. Aristote sortit victorieux de la lutte. En 1445, la traduction de ses œuvres était encouragée par le pape Nicolas V. L’Université de Paris s’était réconciliée avec son ancien ennemi. Les étudiants devinrent si chauds partisans du Stagirite, que plus d’une fois ils ensanglantèrent de leurs querelles l’élection du professeur chargé d’expliquer les livres moraux ; et qu’au jour de la Saint-Barthélemy ils déchirèrent le savant Ramus, coupable d’avoir combattu cette autorité sacrée[4].

  1. Rigordus, Vie de Philippe Auguste.
  2. Launoy, de varia Aristotelis fortuna
  3. S. Thomas composa un Commentaire sur la physique d’Aristote. Cependant Campanella croit devoir repousser toute solidarité de doctrine entre l’angélique docteur et le philosophe païen  : « Nullo pacto putandus est Aristotelizasse, sed tantum Aristotelem exposuisse.»
  4. Ramus avait publié un livre contre la dialectique d’Aristote : Animadversiones adversus Aristotelem : François 1° le fit juger par une commission de docteurs, et ordonna la destruction du livre.