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heur, s’il exerce autour de soi une puissance plus étendue et plus active, les autres le regardent avec étonnement, ils voient en lui l’exaltation de leur commune nature, ils l’appellent un grand homme.

Au milieu de l’humanité il est une autre famille moins nombreuse, mais qui va s’augmentant toujours : c’est l’Église. Ses fils ne cessent point d’être hommes, et, comme tels, ils ont part à l’héritage commun de l’humanité, à ses joies, à ses souffrances mais ils se croient unis par une alliance plus intime et ils se disent frères. Ils pensent avoir reçu d’en haut un patrimoine spécial, une doctrine capable d’élever l’homme au-dessus de sa nature, capable d’éclairer toutes les ignorances et de charmer toutes les douleurs. Et, lorsqu’ils voient un de leurs frères réaliser les promesses de cette doctrine, s’en constituer le représentant par ses œuvres, ils le contemplent avec amour, ils reconnaissent en sa personne une manifestation de la Providence, un bienfait vivant du Père céleste : ils l’appellent un saint.

Nous qui sommes né au sein de l’Église et qu’elle a nourri de ses enseignements, son souvenir ne nous quitte pas. Nous aimons l’humanité d’un amour filial, mais en elle nous chérissons surtout l’Église, par qui tout ce que l’humanité a de grand et pur s’épure et s’agrandit encore. Volontiers nous nous engageons dans les régions de la science, nous prenons plaisir à poursuivre ses curieux problèmes ;