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tiennent qu’à eux, que les arts embellissent leur demeure, et l’entourent de tout ce que la poésie peut imaginer de plus brillant. Placez-les si haut, que tous les yeux puissent contempler en eux le symbole vivant des destinées sociales[1] . » Leur modeste ambition dédaigne les palmes du martyre ; ce sont les richesses, les honneurs du monde, qu’ils convoitent. Allez donc, donnez à vos nouveaux maîtres de la gloire, mais surtout de l’or, de l’or à pleines mains. Donnez, et vous recevrez d’eux en échange le denier du mercenaire ; si toutefois un denier leur reste après qu’ils auront satisfait aux exigences de leurs vastes capacités. Et comment croire sérieusement que toutes les nations de la terre, à quelque degré de perfectionnement qu’elles appartiennent, Français et Iroquois, flegmatiques habitants du Nord et fougueux enfants du Midi, viendront se soumettre à un même joug, et qu’il sera possible d’astreindre tous les membres de la grande famille humaine a une même organisation sociale ? Comment se persuader que les passions vont disparaître de la terre à la voix du législateur, comme au coup de baguette d’un magicien ? que la capacité qui montera sur le trône sera saluée par des acclamations unanimes, comme si tous les hommes pouvaient apprécier tous

  1. Ces paroles se trouvent à la page 39 et a la page 40 de l’Introduction à la Doctrine de Saint-Simon, exposition, première année.