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La négation de la vérité et de la justice absolues, sur laquelle, ainsi que nous l’avons observé, reposent à la fois la logique et la morale saint-simoniennes, est-elle autre chose que le résumé des enseignements de Pyrrhon et d’Épicure, renouvelés dans les derniers siècles par Bayle, Hume, Helvétius, popularisés par les écrits de Voltaire ?

Jupiter et caput et medium est ; sunt ex Jove cuncta
Jupiter et mas est atque idem nympha perennis.
Spiritus est cunctis validusque est Jupiter ignis ;
Jupiter est pelagi radix, est lunaque, solque.
Cunctorum rex est princepsque et originis auctor ;
Namque sinu occultans, dulces in luminis auras
Cuncta tulit sacro versans sub pectore curas.

(Carmen de mundo.)

Ailleurs (Métamorphoses, liv. II, p. 259) Apulée nomme la nature l’unité multiforme.

La pensée d’Aratus n’est pas moins frappante :

Ἐϰ Διὸς ἀρχώμεσθα, τὸν οὐδέποτ᾽ ἄνδρες ἐῶμεν
Ἄῤῥητον. Μεσταὶ δὲ Διὸς πᾶσαι μὲν ἀγυιαί,
Πᾶσαι δ᾽ ἀνθρώπων ἀγοπαί· μεστὴ δὲ θάλασσα
Καὶ λιμένες· πάντη δὲ Διὸς ϰεχρήμεθα πάντες
Τοῦ γὰρ ϰαὶ γένος ἐσμέν

(Arati Phœnomena, v. 1-5.)

Hésiode fait naître l’Amour le premier de tous les dieux, pour féconder le stérile Chaos :

Ἤτοι μὲν πρώτιστα Χάος γένετ’, αὐτὰρ ἔπειτα
Γαῖ’ εὐρύστερνος, πάντων ἔδος ἀσφαλὲς αἰεὶ
Ἀθανάτων, οἳ ἔχουσι ϰάρη νιφόεντος Ὀλύμπου,
Τάρταρά τ’ ἠερόεντα μυχῷ χθονὸς εὐρυοδείης
Ἡ δ’ Ἔρος, ὅς ϰάλλιστος ἐν ἀθανάτοισι θεοῖσι,
Λυσιμελὴς, πάντων τε θεῶν, πάντων τ’ ἀνθρώπων.

(Theogonia, v. 116-121.)

De nombreux philosophes grecs présentaient aussi l’Amour comme le générateur de l’univers, la cause et la substance première.