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une délibération, un doute. Celui qui est fut et sera toujours immuable et parfait de toute éternité la volonté de créer et le plan magnifique de la création étaient en lui, et c’est cette volonté persévérante qui conserve et crée encore sans cesse. Si les disciples de Saint-Simon ne peuvent comprendre comment s’opèrent ces merveilles, qu’ils se consolent car leur capacité humaine ne saurait prétendre à juger la capacité divine. Et nous, nous. leur demanderons à notre tour comment si la matière est éternelle, s’expliquera la succession infinie des révolutions de l’univers : car là où il y a mouvement,il y a aussi succession, et toute succession suppose la division du temps, laquelle est incompatible avec la notion d’éternité. Ce qui est éternel est immuable donc il faut admettre ou que le monde a eu une origine, ou dire que ses révolutions sont des illusions, des rêves, et, à l’exemple de l’école d’Élée, nier la possibilité du mouvement[1] .Nous demanderons comment, en niant la

  1. Les anciens panthéistes de l’école d’Élée, conséquents avec eux-mêmes, avaient été conduits à nier tout espèce de mouvement, de variété dans le monde. «Rien ne se fait de rien, disaient-ils donc un être ne saurait produire un être différent de lui-même car ce qui serait différent dans ce dernier n’aurait aucun principe. De plus, rien ne peut être que sous une certaine manière d’être ; la forme est donc soumise à la même loi que la substance car, pour que la substance changeât de forme, il faudrait qu’elle y fût déterminée par une cause située en elle ou hors d’elle. Mais hors d’elle rien n’existe ; et d’un autre côté, si le motif de telle ou telle de ces modifications existe en elle d’une manière absolue, il agira continuellement, et l’effet produit sera naturel. Or le mouvement, la variété, sont des effets successifs ; donc ils