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porte et prit gîte au bord de l’Arlanzon. Près de la ville, sur la grève, il campa et planta sa tente.[1]

Quand l’exilé s’agenouillait à Sainte-Marie, avant de sortir par la porte du fleuve, l’humble église était encore bien loin du moment où, sous les auspices de saint Ferdinand, elle devait élargir ses murailles, élever ses voûtes et devenir Notre-Dame de Burgos. Pourtant la cathédrale puissante garde avéc piété lesouvenir du héros humilié qui priasur ses dalles. Dans une des salles capitulaires, un grand coffre est suspendu comme la châsse d’un saint. Au-dessous on a placé le portrait du Cid, tout bardé de fer, comme pour soutenir envers et contre tous le récit que vous allez lire. Il était beau de sortir de son fief accompagné de soixante bannières. Mais il fallait nourrir ceux qui les suivaient. « Alors le Cid prit à part Martin Antolinez, son neveu, et l’envoya trouver à Burgos deux juifs, Rachel et Bidas, avec lesquels il avait coutume de trafiquer de son butin ; il leur mandait qu’ils vinssent le trouver au camp. Cependant il fit prendre deux coffres grands et garnis de fer, munis chacun de trois serrures, si lourds qu’à peine quatre hommes pouvaient en soulever un, même vide. Et il les fit remplir de sable, et couvrir la surface d’or et de pierres précieuses. Et quand les juifs furent venus, il leur

  1. Poema del Cid, vers 15 y sgg.