C’est une thèse préférée des socialistes, de dénoncer
l’aumône comme un des détestables abus
de la société chrétienne. Car, disent-ils, l’aumône
insulte le pauvre, puisqu’elle l’humilie, puisqu’elle
ne lui permet pas de rompre son pain noir sans
reconnaître qu’il est redevable à ceux qui se disent
ses bienfaiteurs, et qu’étant devenu leur obligé il
a cessé d’être leur égal. Ils en concluent que l’aumône,
loin de consacrer la fraternité, la détruit,
puisqu’elle constitue, pour ainsi dire, le patriciat
de celui qui donne, l’ilotisme de celui qui reçoit.
Ce qu’ils réclament pour les opprimés de la misère,
c’est un partage qui les satisfasse et ne les oblige
pas, c’est un règlement qui les laisse quittes envers
la société ; ce n’est pas la charité, c’est la justice.
Nous ne saurions méconnaître l’habileté d’une
doctrine qui est sûre de ne pouvoir se produire
dans les discussions publiques sans se faire couvrir
d’applaudissements, puisqu’elle s’adresse au plus
opiniâtre des sentiments humains, à celui qui palpite
sous les haillons comme sous l’or et la soie
nous voulons dire l’orgueil. Oui, c’est l’éternel