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avons des règlements qui mettent les cabarets la discrétion de la police, et nous laissons se multiplier sans restrictions, sans conditions, les tavernes qui sont dans chaque rue l’école du désordre, le rendez-vous de toutes les conspirations, les dépôts d'armes de toutes les émeutes. Nous avons des impôts écrasants sur le sel, sur la viande et toutes les consommations nécessaires, et jamais nous n’avons trouvé dans l’arsenal de nos lois fiscales le secret d’arrêter la multiplication des distilleries, de hausser le prix des spiritueux, de décourager le commerce de ces liqueurs détestables, altérées, sophistiquées, qui font plus de malades que toutes les rigueurs des saisons et plus de coupables que toute l’injustice des hommes ! Quelles réformes a-t-on introduites dans les plaisirs publics, chez cette population de Paris, si éprise de plaisirs, et qui se laisserait mener au bout du monde, non pas avec du pain, comme on l’a dit, mais avec des fêtes ? Quel pouvoir a songé à ce puissant moyen d’enseignement. que l’antiquité, que l’Eglise ne dédaigna jamais ? L’hiver dernier, la préfecture de police délivra quatre mille permissions de bals nocturnes. Elle ne met plus de terme à ces divertissements insalubres que le bon sens de nos pères resserrait du moins dans les six semaines du carnaval. Chaque année elle autorise l’ouverture d’un nouveau théâtre dans quelque misérable rue des faubourgs, où l’on jette aux fils du peuple et à ses filles l’écume